Vendredi 15 juin 2012, 15h,
Hôtel Drouot, Paris
Dans le cadre de l’importante vente de tableaux, dessins et sculptures des XIX et XX siècles, PIASA présente le 15 juin prochain une œuvre majeure: Prophétie daliniene, [double image d’avions géants surréalistes avec apparition des portraits des présidents des États-Unis Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) et Abraham Lincoln (1809-1865)], par Salvador Dalí (1904-1989).
Dessinateur, peintre, sculpteur, scénariste… Salvador Dalí était tout cela. Un talent à la mesure de sa personnalité exubérante et de ses frasques qui fait de lui l’un des plus grands artistes du XX siècle et une référence majeure dans le domaine de l’art contemporain. Deuxième enfant d’un notaire de Figueras en Catalogne, le jeune Salvador manifeste très tôt une prédilection pour le dessin. Encouragé par les Pitchot, une famille d’artistes amie de ses parents, il suit des cours à l’école municipale de Grabado et expose, dès l’âge de quatorze ans, ses premières toiles, au théâtre municipal de Figueras ; ce qui lui vaudra d’être remarqué par deux critiques célèbres : Carlos Costa et Puig Pujades.
La valeur n’attend pas le nombre des années, mais son père, soucieux de son avenir, le pousse à poursuivre ses études et le fait entrer à l’école des beaux-arts de San Fernando
de Madrid, dans l’espoir de voir son fils devenir un jour enseignant. C’est une période sombre pour le jeune Dalí dont l’égo est déjà exacerbé. Certain de n’avoir rien à apprendre et affichant le mépris le plus total à l’égard de ses professeurs, il finit par se faire renvoyer une semaine avant les examens. De cette époque, il retiendra essentiellement sa rencontre avec son ami Federico Garcia Lorca et surtout Luis Bunuel avec lequel il collaborera à deux films qui sont aujourd’hui des classiques du cinéma : Un Chien andalou en 1929 et L’âge d’or l’année suivante.
Touche à tout de génie, il réalise également des œuvres dans le domaine de l’architecture et de la sculpture, mais c’est dans l’art pictural que le talent de Dalí va réellement se révéler.
Tout d’abord influencé par le mouvement surréaliste, au travers, notamment d’André Breton, il imprime rapidement son propre style, mélange d’analyse freudienne, d’onirisme et d’élément empruntés à la science.
Passionné par les nouveaux domaines de l’activité humaine qu’il n’hésite pas à intégrer à son œuvre, il réalise alors des toiles qui font de lui un artiste inclassable. C’est ainsi que, précurseur de la méthode « paranoïa critique », il crée à partir de 1931, la série des « images doubles », basée sur une distorsion de la réalité.
Une technique qu’il utilisera, dès lors, jusqu’à la fin de sa vie et dont cette Prophétie Daliniene est un excellent exemple. Réalisée en 1942, cette aquarelle, crayon, plume et encre de Chine sur papier contrecollé sur carton, signée et datée deux fois à gauche, à double image d’avions géants surréaliste avec apparition des présidents des États-Unis Franklin Delano Roosevelt et Abraham Lincoln, préfigure la victoire des alliés dans le conflit mondial. Un des thèmes de prédilection du peintre à cette époque.
Visionnaire, Dalí aime également exploiter l’aspect symbolique de l’image pour parvenir à ses fins. À ce titre, la présence d’Abraham Lincoln, l’homme qui a aboli l’esclavage et mis un terme à la guerre de Sécession, en arrière plan de Franklin Delano Roosevelt, celui qui allait permettre remporter la victoire sur l’Allemagne nazie, ne peut passer inaperçue et confère à ce dessin une force indéniable.
Artiste engagé à la personnalité excentrique, Salvador Dalí a parfois été taxé de folie par ses détracteurs. Des accusations dont il n’a jamais eu que faire : « la différence entre un fou et moi, c’est que je ne suis pas fou », ironisera-t-il.
Mais qu’importe, car c’est bien grâce à sa personnalité hors du commun qu’il a pu réaliser une œuvre unique qui fait de lui l’un des plus grands maîtres du XX siècle.