Laëtitia Badaut Haussmann, Pierre Baey, André Bloc, Katinka Bock, Karine Bonneval et Charlotte Poulsen, Michele Ciacciofera, Johan Creten, Patrick Crulis, le collectif Campbell Works de Harriet Murray et Neil Taylor avec Christine Cynn et Valentin Manz, Thierry Fontaine, Élisabeth Joulia, Anne Kjærsgaard, Ana Mendieta, Sophy Naess, Cécile Noguès, Mel O’Callaghan, Brigitte Penicaud, Marie Preston, Selma et Sofiane Ouissi, Janneke Raaphorst, Richard Serra, Natsuko Uchino, Claude Varlan, Michel Wohlfahrt, ainsi qu’une sélection de poteries traditionnelles de La Borne. Production in situ à la Box “Merz Bau Torchi”, une proposition de Natsuko Uchino pour une œuvre collective avec les étudiants de l’ENSA avec une sélection de pièces de Lucien Petit.
Terre naturelle, brute, crue, extraite du paysage, matière première de l’expression. Argile malléable, façonnable, elle accompagne les potiers de tous temps. Expérimentale, elle a nourri les projets artistiques à l’échelle de l’environnement dans le mouvement de l’Earth Art et à l’échelle du maté- riau, dans l’art conceptuel. Terre, mère nourricière, elle est aussi territoire de l’intime, du corps, lieu de l’identité. Plus que jamais, elle constitue aujourd’hui une expression renouvelée dans le champ des arts plastiques et de l’artisanat et croise les pratiques, les références, les expressions. L’exposition prend pour point de départ un projet transversal autour des pratiques de la terre, élaboré par la résidente et artiste Natsuko Uchino invitée à travailler conjointement aux centre céramique contemporaine La Borne et l’École nationale supérieure d’art de Bourges en 2016. Dépassant le clivage entre culture savante et populaire, entre savoir gestuel et intellectuel, entre technique et concept, l’exposition J’ai rêvé le goût de la brique pilée se pose comme une exposition résolument hybride. Elle aborde les différentes appropriations artistiques de la céramique, au travers d’une sélection de sculptures et d’objets utilitaires, décoratifs, de photographies, de vidéos, d’installations, de constructions architecturales… Les différentes œuvres qui composent cette exposition ont été choisies non pas dans une exclusivité du médium, mais plutôt dans une approche transversale du rapport à la terre. Ces œuvres diverses ont en commun, une complicité avec la matière, comme pour affirmer que l’essence du geste créatif et de l’activité humaine réside dans la rencontre avec ce matériau; la capacité à le modeler et le transformer. Ainsi ces pratiques multiples cherchent toutes à se positionner du côté de l’activité créatrice de l’être humain dans l’idée d’échapper à la standardisation, au conformisme et d’inventer une autre dimension esthétique du monde. Qu’elles s’inscrivent dans une tradition fonctionnelle et utilitaire, qu’elles s’emparent de ce matériau pour faciliter l’exploration de la matière et l’expérimentation des formes ou qu’elles déconstruisent le vocabulaire traditionnel de l’art, les œuvres rassemblées dans l’exposition proposent d’explorer les rapports intrinsèques et métaphoriques de la technique céramique à la nature et au paysage autant qu’à l’espace domestique. La scénographie des expositions est conçue selon le modèle des installations d’artistes céramistes, tel que Jacqueline Lerat l’envisageait dans la mise en scène de ses pièces, associant des fleurs à ses arrangements et créant comme un souffle entre l’art et un certain style de vie. De la même façon, à La Box, la scénographie se construit à partir d’une photographie de la maison bornoise d’Élisabeth Joulia revélant un intérieur sobre où les objets en céramique dédiés aux aliments, aux fleurs ou à la dégustation du thé participent à l’harmonie sereine d’un environnement déployé au sol. Au centre céramique, ce sont les rapports entre paysage, terre native, céramique et agriculture qui se dessinent dans un dialogue déhiérarchisé d’objets artistiques et fonctionnels déployés de façon horizontale sur un ensemble de matériaux naturels. Dans le prolongement de l’exposition, à travers une série d’entretiens menés avec des artistes et céramistes aux parcours et apprentissages techniques multiples, et d’interventions artistiques au sein de l’Ensa, le projet met en valeur les enjeux sociologiques, politiques et écologiques qui soustendent l’utilisation de la terre native, crue, dans la sculpture, la poterie et l’architecture.